Le patrimoine architectural est souvent l’élément le plus visible et le plus représentatif de l’identité d’un milieu. Malgré les sinistres et le passage du temps qui en ont détruit une partie, le patrimoine architectural résidentiel de la Pointe-aux-Trembles conserve encore une exceptionnelle richesse et diversité.
C’est ainsi que le Vieux Moulin, l’ancienne Académie Roussin, le Couvent Notre-Dame de la Trinité et la maison Beaudry ont pu être préservés, réaménagés dans le respect de leur personnalité architectonique respective, réutilisés à des fins publiques et rendus accessibles à la population. Dans cette même perspective, la revitalisation de la Place du village a permis la réalisation d’un lieu à la fois rassembleur et évocateur de notre passé et de son bâti.
Durant les deux premiers siècles de son histoire, la Pointe-aux-Trembles historique, s’étendant de l’actuelle rue Georges V au pont Le Gardeur et incluant la côte de Saint-Léonard comprise dans ces limites, était un milieu essentiellement agricole jouissant de services communs présents dans un noyau villageois issu du fort érigé vers 1693.
Heureusement, on retrouve toujours, entre la 43e et la 64e avenue, cinq anciennes maisons de pierre, érigées entre 1731 et 1829, et inspirées de l’architecture du régime français, dont la maison Antoine-Beaudry, érigée entre 1731 et 1777, située au 14 678, rue Notre-Dame. De même plan que les maisons Jean-Baptiste-Langlois et Pierre-Beauchamp (36 pieds par 34), elle a un toit très incliné se terminant en larmier, recouvert en tôle à baguette, la cuisine d’été – un ajout plus tardif revêtu en planches – étant recouverte de tôle à la Canadienne. Parmi les survivantes en pièces sur pièces, on retrouve la doyenne du vieux village, la maison Fisciau, située au 11949, rue Saint-Joseph, construite entre 1800 et 1823, ayant subi de nombreuses transformations au fil des ans et une judicieuse restauration par un bénévole de l’Atelier Steve Johannsen et son épouse.
Les terres de la Pointe-aux-Trembles avaient toujours représenté des propriétés de valeur, entre autres, par la qualité de leur sol. Avec l’arrivée du tramway et l’apparition de fonctions autres que l’agriculture, la valeur des terres va connaître une appréciation graduelle mais importante. La naissante bourgeoisie canadienne-française ne s’intéressait pas à la Pointe-aux-Trembles uniquement pour spéculer sur la vente des terres. Elle y était attirée par la beauté des lieux et l’accès facile au quartier des affaires par le tramway. Plusieurs de ses représentants choisirent donc de s’y installer et se firent construire sur les berges du Saint-Laurent de magnifiques villas victoriennes dont plusieurs font encore la fierté des Pointeliers.
Voulant aussi profiter du grand air et des plaisirs nautiques de la Pointe-aux-Trembles, les travailleurs de l’Est montréalais vont acheter de petits terrains, souvent riverains du Saint-Laurent et s’y construire de modestes chalets utilisés essentiellement durant la belle saison. La plupart de ces petits chalets ont été remplacés par des résidences modernes mais certains ont subsisté, souvent en ayant subi de profonds changements ou agrandissements.
À l’époque s’était développée une habitation type, une architecture vernaculaire urbaine propre à Montréal, tenant compte de la densité de population attendue, de la production de masse des habitations et des rigueurs du climat. L’immeuble type sera donc une habitation à logements superposés de deux ou trois étages comptant de deux à cinq logements. Or, nous retrouvons à plusieurs endroits du Vieux Pointe-aux-Trembles, soit isolément ou en rangées des exemples de cette habitation type montréalaise.
Un débat pour la sauvegarde des maisons shoebox fait rage présentement dans l’arrondissement Rosemont-La Petite Patrie où on retrouve encore des centaines de ces maisons exposées à la démolition à cause de la valeur des terrains à reconstruire. Or, sans qu’elles y représentent un modèle très répandu, nous avons pu dénombrer une vingtaine de maisons shoebox à la Pointe-aux-Trembles dont certaines conservent la pureté des caractéristiques de ce style.
Devant l’urbanisation et l’industrialisation rapides constatées au début du siècle, l’Assemblée législative du Québec adopta une loi, le 19 février 1914 (Loi 4, George V, chap.47), pour favoriser la construction de logements salubres dans les villes et villages du Québec.
Un des premiers projets élaborés le fut par Rosaire Prieur, conseiller municipal de la ville de Pointe-aux-Trembles, qui sera considéré dans tout le pays durant plusieurs années comme le héraut des logements salubres. Il forma la Société des logements ouvriers dont le maire Joseph Édouard Charbonneau devint président, Rosaire Prieur en devenant le secrétaire et gérant. Mentionnons que toutes les maisons étaient construites en briques et qu’elles étaient dotées de toutes les commodités avant livraison – salle de bain complète, armoires et robinetterie de cuisine, fournaise et qu’elles offraient de six à huit pièces chacune peinte en crème et brun. Les rues étaient pavées, un espace gazonné et planté d’arbres les séparait d’un trottoir en ciment. En deux phases, plus de 110 logements furent construits.
Un autre élément durable du paysage architectural de Pointe-aux-Trembles et de Montréal-Est, tributaire de la Deuxième Guerre mondiale, est le parc de maisons dites de Vétérans, construite par la Wartime Housing Corporation pendant et à la fin du conflit. Sur les terrains avoisinant l’ancien dépôt No 12 à Montréal-Est, plus de cent maisons allaient être construites sur la rue des Vétérans et ses voisines tandis qu’à la Pointe-aux-Trembles vingt-cinq unités allaient être érigées dans la 8e avenue et dans la rue de La Gauchetière. La qualité de ces constructions étant discutable, les propriétaires les ont transformées et personnalisées au fil des ans faisant perdre un peu le caractère initial de baraquement militaire de l’ensemble.
L’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles vous invite à découvrir ses maisons de pierre du régime français, ses magnifiques villas victoriennes, ses logements ouvriers et ses maisons shoebox et Wartime. Son Écomusée dans l’ancienne Académie Roussin offre aux visiteurs un large éventail de maquettes à l’échelle représentant des édifices significatifs et son parcours historique avec lutrins un aperçu de son histoire et de son patrimoine bâti.
Article tiré de La Lucarne – Printemps 2019 (Vol XL, numéro 2).
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