Actions de sauvegarde à L’APMAQ
2 septembre 2023
Clément Locat
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La sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine architectural a toujours représenté un objectif primordial pour notre association. Tout propriétaire d’une maison ancienne porte évidemment un intérêt à la qualité du paysage architectural de son milieu. Plus largement, la conservation de milieux urbains, villageois et campagnards attrayants est une préoccupation constante de l’APMAQ. Le Comité Sauvegarde, qui poursuit cet objectif, a connu des périodes d’activités variables au fil des années en raison des ressources disponibles. Le Comité est formé actuellement de Michel Létourneau, Clément Locat et Arthur Plumpton. Quelles sont les interventions privilégiées par le Comité Sauvegarde ? Le plus souvent, certains de nos membres ou les médias nous informent des menaces de démolition ou de banalisation qui pèsent sur des maisons de grande valeur architecturale à travers le Québec. Par ailleurs, il faut souligner que de simples maisons, qui participent également à la qualité d’un milieu, font rarement l’objet d’attention et nombre d’entre elles disparaissent dans l’indifférence. On pense, parmi ces dossiers traités au cours de ces années, à la maison Leroux à l’Assomption, aux allures de manoir, démolie en 1992 ; au Manoir Montesson à Bécancour, une magnifique maison de style Regency, disparue en 1996 ; à la maison Audette sur la falaise de Lévis, détruite en 2016 ; à la maison René-Boileau à Chambly, démolie sauvagement sur l’ordre du maire en 2016. Le Comité Sauvegarde a également déposé des mémoires lors d’études de divers projets de loi reliés au patrimoine bâti. Malheureusement, le Comité doit suppléer à l’insensibilité des propriétaires concernant la qualité de leur propriété, à l’appât des promoteurs pour des sites à développer, à des conseils municipaux sans ressources ou aveuglés par les promesses d’un développement qui finit par les appauvrir et à l’application laxiste des lois et règlements existants par le ministère de la Culture et des Communications. Le survol de quelques dossiers acheminés à l’APMAQ au cours des derniers mois est représentatif du type d’actions menées par le Comité. En juin 2021, l’APMAQ, en collaboration avec la Fédération Histoire Québec (FHQ), est intervenue auprès de la municipalité de Saint-Bruno-de-Montarville pour s’opposer à un projet de démolition de deux maisons saines, localisées sur un site paysager, au coeur du centre-ville, afin de permettre la construction d’un immeuble multilogements. En raison des objectifs de qualité de vie, de conservation des espaces verts et de développement durable que nous faisions valoir, la Ville a refusé les demandes du promoteur. |
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À l’été 2022, alertés par une citoyenne locale, nous sommes intervenus auprès de la municipalité de Mille-Isles, dans les Laurentides, pour l’enjoindre de sauvegarder l’ancienne école Maple Grove, située au coeur du village, laquelle était menacée de démolition ou d’altérations inacceptables.
Nous l’avons incitée à obtenir une étude architecturale effectuée par une firme spécialisée et à mener un projet de mise en valeur en intervenant minimalement sur le bâtiment. La vieille école est en cours de restauration.
À la demande de la propriétaire, nous avons, par l’intermédiaire de Louis Patenaude, visité à l’été 2022 la propriété nommée jadis Bampcell Farm située sur les bords du lac William. La maison qui s’y trouve a été construite dans les années 1830 par un loyaliste prospecteur de bois et engagé dans les chantiers navals de Québec. La propriétaire désire créer, avec des personnes sensibles à la conservation du patrimoine, un organisme qui viserait à la préservation de ce site riche par son histoire, son architecture, son mobilier et son cadre naturel.
-3500172418_srdp.jpg "La maison Brune à Rimouski aujourd’hui démolie. Photo : Société rimouskoise du patrimoine — Fiche no 1115")
À Rimouski, en février dernier, la Maison Brune, une solide maison cubique d’influence états-unienne située dans un quartier ancien a fait l’objet d’une demande de démolition de la part d’un promoteur local, sur la base d’un rapport biaisé et inadéquat signé par un ingénieur. Les pressions populaires accompagnées d’appuis d’organismes comme le nôtre n’ont pu faire reculer le promoteur ni le Conseil municipal, puis la maison fut démolie le 17 juillet dernier. Voilà une démolition scandaleuse, un autre cas démontrant qu’il est urgent de reconnaître que le patrimoine bâti est le domaine de l’architecte. L’avis d’un ingénieur ne doit être sollicité que dans les cas de problèmes structuraux.
Mentionnons également que notre collègue Arthur Plumpton effectue un travail de sensibilisation, poursuit des recherches, réalise des inventaires et caractérisations et propose des solutions de mise en valeur du riche patrimoine agricole de l’Île-d’Orléans. Il faudrait un « Arthur Plumpton » dans chaque région du Québec pour sauver ce qui reste de ce riche patrimoine en perdition.
Le travail du Comité Sauvegarde est très exigeant et les demandes d’aide sont nombreuses et très variées. Elles exigent souvent un important travail de documentation, plusieurs contacts avec des intervenants du milieu et tout cela par de rares bénévoles dont les activités ne se limitent pas à ce seul domaine. L’efficacité de ce Comité serait grandement amplifiée par la disponibilité d’une ressource permanente à l’Association qui coordonnerait ses activités et possiblement celles du Groupe-conseil. Les services rendus en seraient plus diligents et valables. Ce serait une aubaine pour le ministère de la Culture et des Communications qui disposait auparavant d’un personnel pouvant répondre à de telles demandes de la part de propriétaires ou de municipalités.
Article tiré de La Lucarne – Automne 2023 (Vol XLIV, numéro 4).
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