Nous allons traiter dans les lignes qui suivent de la peinture des boiseries extérieures des maisons anciennes. Pour qui possède une maison dont le revêtement extérieur est entièrement de bois, la peinture est souvent un sujet préoccupant. Dans le cas des maisons de pierre, de brique ou de stuc, la surface des boiseries est beaucoup moins importante, se limitant à certains éléments, telles les galeries, les corniches et les fenêtres qui sont toutefois très exposées aux intempéries. Il faut savoir qu’un entretien régulier préviendra les dommages et évitera des travaux longs et coûteux. Il faut aussi se rappeler que les boiseries d’origine d’une maison, que ce soient le revêtement ou les ouvertures, sont de qualité supérieure aux boiseries neuves ; il vaut donc la peine de bien les préserver. Jusqu’au début du 20e siècle, le bois de finition provenait d’arbres très âgés et ce bois était séché longuement à l’air libre, ce qui explique qu’on trouve des parements de bois et des fenêtres encore en bon état après 150 ans.
Quand la peinture commence à se fissurer, à écailler ou à laisser apparaître la couche sous-jacente, c’est le moment d’intervenir car l’infiltration de l’eau fera vieillir le bois rapidement. Le succès de la durée d’une peinture dépend en grande partie du travail de préparation de la surface qui précède l’application de la peinture. Réalisé avec soin, il fera une grande différence, assurant ainsi l’adhérence des couches de peinture sur une longue durée. Si la dernière couche de peinture date de plusieurs années, qu’il se produit d’un écaillement ou que le bois ait été longtemps recouvert d’un autre matériau, il faut gratter la peinture qui adhère mal et enlever toutes les aspérités. Dans le cas d’un écaillement général de la peinture jusqu’à la surface du bois ou d’une couche de peinture sous-jacente, il vaudrait mieux enlever la peinture au complet jusqu’au bois ou jusqu’à une couche qui montre une bonne adhérence. Ce travail sera complété par un sablage à l’aide d’une ponceuse orbitale avec papier de grade moyen (100) à grossier (60). La présence d’écaillement général ou de moisissures cache souvent un problème d’humidité ; une recherche de la source du problème peut alors s’avérer nécessaire. La préparation des boiseries fines demande un travail minutieux. L’expérience nous a montré que l’application de peinture sur un revêtement de bois neuf, très lisse, pose des problèmes d’adhérence ; une préparation de la surface avec un papier sablé moyen à l’aide d’une ponceuse orbitale en améliorera l’adhérence.
La peinture peut être enlevée soit avec un grattoir dont la lame est bien aiguisée, soit avec un décapant chimique ou encore à l’aide d’un fusil à chaleur suivi d’un sablage avec une ponceuse orbitale. Dans le cas de l’usage d’un fusil, il faut être extrêmement prudent car le bois sec est très inflammable et des interstices peuvent laisser passer les étincelles ; la prudence élémentaire exige la disponibilité d’un extincteur ou d’un boyau d’arrosage. De même, pour les peintures anciennes contenant du plomb, un masque est requis afin d’éviter d’en respirer les émanations. Dans le cas où la peinture est simplement usée et farineuse, un sablage des parements avec un papier de grade moyen (100) ou grossier (60) à l’aide d’une ponceuse orbitale pourra être suffisant. Les clous doivent être enfoncés car il y aura rapidement oxydation de la tête du clou, ce qui fera lever la peinture. L’orifice doit être rempli de mastic à base d’huile de lin de marque Allbäck ou Home Builder comme toutes les autres imperfections qui parsèment la surface du bois.
Le lavage du mur avec un produit nettoyant TSP dilué dans l’eau sera la dernière opération avant l’application d’une peinture afin d’enlever les poussières et taches de graisse. Il faut s’assurer que les boiseries soient suffisamment sèches avant de procéder à l’application de l’apprêt donc laisser passer quelques journées ensoleillées après une pluie et éviter de réaliser les travaux par température humide trop tôt au printemps ou trop tard à l’automne. De même, l’application sous un soleil direct est à proscrire.
Les peintures à l’huile composées de résines et de solvants issus de la pétrochimie ont pratiquement disparu du marché suite aux contraintes liées à l’environnement et au coût de production. Graduellement, de nouveaux produits de qualité, inspirés des peintures à l’huile de lin fabriquées avant la révolution industrielle, sont apparus depuis quelques années. La molécule d’huile de lin, plus fine, pénètre davantage dans la fibre du bois produisant alors une liaison solide entre la surface et la finition. Les produits Allbäck, fabriqués en Suède à base d’huile de lin qu’il s’agisse d’apprêts, de peintures, de teintures, de cires ou de mastic, sont probablement les meilleurs sur le marché. Le détaillant est par contre situé en Ontario. La peinture à base d’huile de lin s’inscrit dans la tradition et sa durée en fait un produit éco-responsable.
Selon nos expériences, quelques autres produits disponibles sur le marché local sont intéressants. L’entreprise Zinsser produit un apprêt appelé Cover Stain à base de résine alkyde offrant une excellente adhérence qui, selon le fabricant, ne nécessite pas de lavage préalable au TSP. Pour un résultat durable, un produit à base de résine alkyde est indispensable comme apprêt sur du bois neuf ou sur une vieille peinture qu’on veut recouvrir d’une peinture du commerce. Sur un tel apprêt, les produits à base aqueuse 100% acrylique et à base de résine alkyde donnent de bons résultats. La peinture à base aqueuse est plus facile à appliquer mais elle perd son lustre plus rapidement. Pour tous types de teinture ou peinture, l’application en couches minces améliorera les résultats. Pour le séchage, il faut se référer aux instructions des fabricants. L’application au pinceau, en va-et-vient dans le sens du grain du bois, permet de faire pénétrer le produit plus profondément dans la fibre que le rouleau ou les systèmes « airless ». L’extrémité du bois, dans le sens transversal qui possède une grande capillarité, doit être recouverte de peinture jusqu’à saturation et nécessite donc plusieurs passages.
Une teinture s’applique idéalement sur du bois neuf et nécessite aussi une préparation de surface afin de déglacer les traits de scie par sablage et ainsi permettre une pénétration et une adhérence uniforme du produit. Les teintures sont formulées pour pénétrer plus profondément dans la fibre du bois que les peintures. L’application des teintures nécessite une lecture attentive des instructions du fabricant. Les teintures opaques à base de résine alkyde offrent une adhérence supérieure aux teintures opaques à base aqueuse. La teinture opaque à base de résine alkyde appliquée sur du bois neuf aura une durée équivalente à celle de la peinture. Les teintures semi-transparentes permettent de voir le grain du bois, mais cette transparence diminue leur efficacité à long terme comme nous verrons plus loin. Les teintures semi-transparentes à base aqueuse sont à proscrire même lorsqu’elles sont émulsifiées d’huile de lin, cette dernière en proportion trop infime pour avoir une quelconque incidence. Les teintures semi-transparentes à base de solvant offrent de meilleurs résultats pour les surfaces verticales. La teinture est non recommandée sur du bois ayant déjà été peint, car même si toute trace de peinture semble avoir disparu, les pores du bois peuvent être bouchés créant ainsi des problèmes d’uniformité et d’adhérence de la teinture. La compagnie MF située au Québec offre la gamme Woodmate qui sont des produits intéressants à base de résine alkyde auxquels on a ajouté une partie d’huile de lin.
La mode du décapage de la peinture pour exposer le bois à son état naturel a aussi touché les boiseries extérieures, surtout les fenêtres. Hélas ! Cette façon de faire ne respecte pas la tradition architecturale au Québec et donne des résultats décevants tant au niveau de l’entretien que de la protection du bois. Même les meilleurs vernis et teintures semi-transparentes pour usage extérieur exigent des reprises fréquentes d’application et le bois qui subit l’assaut des rayons ultraviolets finira par noircir et s’endommager. L’absence de toute protection sur le bois est aussi à proscrire, car le bois noircira, ce qui est particulièrement dommageable pour les fenêtres anciennes. La peinture ou la teinture opaque demeure la meilleure solution.
Le choix de couleur est souvent une question de goût personnel mais, si on désire respecter les couleurs historiques, on peut tenter de retrouver la couleur d’origine sous plusieurs couches de peinture ou aussi s’inspirer des grandes tendances de l’époque de construction de la maison. Pour les maisons les plus anciennes, la couleur dominante du parement et des fenêtres était pâle. Cette peinture était soulignée par les couleurs foncées – vert, rouge ou bleu – sur les encadrements. L’usage de chaux était alors très fréquent. Au début du XIXe siècle, l’éventail de couleurs s’est élargi, s’inspirant des couleurs de la nature ; ces couleurs assez sombres au début se sont éclaircies et diversifiées au cours de ce siècle. Les teintes pâles ou sombres étaient utilisées comme couleur dominante ou comme couleur d’appoint sur ouvertures, corniches et éléments décoratifs. Indépendamment des modes, le bleu violacé ou le turquoise, le mauve, le rose, le vert lime ou le jaune canari sont des couleurs à éviter à l’extérieur.
Le bois est un matériau noble qui, entretenu régulièrement, a une vie utile très longue. Il est carbonégatif et fait partie de notre culture du bâti. Il dépasse de beaucoup les revêtements dits sans entretien « possible » comme le vinyle, l’aluminium et le bois aggloméré qui ont une vie utile d’environ 20 ou 25 ans. Un travail de peinture fait avec soin durera environ de huit à quinze ans. Des retouches occasionnelles aux endroits les plus exposés retarderont des travaux majeurs.
Enfin, il n’est pas opportun de peinturer la brique car on risque de causer plus de problèmes que d’en corriger ; on s’oblige alors à un entretien régulier sur un revêtement reconnu pour sa longue durée et son peu d’entretien. La peinture crée ainsi la rétention d’humidité, elle adhère également à la patine de la brique qui la protège et en décollant, l’enlève, la rendant fragile aux intempéries. Il ne faut jamais nettoyer au jet de sable la brique ou le bois.
Toit, Bois Bardeau, recherche effectuée par le Centre de conservation de Québec et vendu aux Éditions du Québec.
Les revêtements de bois de la série Maitre d’œuvre produit et disponible à la ville de Québec.
Article tiré de La Lucarne – Printemps 2020 (Vol XLI, numéro 2).
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