La maison Lavallée, construite en 1940 par le navigateur Ludger Yergeau, fut acquise par Maurice Lavallée et Marie-Laure Pelletier au début des années 1950, dans l’intention d’y vivre toute leur vie. Depuis mon tout jeune âge, j’ai toujours eu une fascination pour les vieilles maisons en raison de leur odeur, de leur unicité, et de leur style architectural. Lorsque mon tour vint enfin d’en acquérir une, je n’ai pu résister d’autant que cette maison du village était ma préférée. C’est en 2015, à la suite du décès des anciens propriétaires pour qui j’avais exécuté différents travaux, que j’ai acquis la maison. J’allais entreprendre un nouveau chapitre de ma vie, restaurer une maison, une perle à mes yeux. À l’âge de 24 ans, et charpentier-menuisier de profession, j’avais une bonne base et de la motivation.
L’aventure commença en avril 2015 avec la famille et les marteaux. Les bonnes et les mauvaises surprises allaient se révéler et s’alterner sur un chantier qui durera, au final, cinq ans. Les précédents propriétaires, qui n’étaient que deux à y habiter, avaient rénové l’intérieur de la maison dans les années 1960-70. Beaucoup de travail était nécessaire afin de restaurer cette maison qui avait perdu ses lettres de noblesse, tout en y ajoutant les commodités modernes. Le tout se déroula en trois étapes majeures : le rez-de-chaussée, l’extérieur, et l’étage.
Au rez-de-chaussée, les portes, les moulures et les accessoires d’origine avaient disparu. De plus, l’escalier menant au deuxième étage avait été emmuré et le bas de celui-ci démoli, l’étage devenant alors un grand grenier servant de rangement. Au rez-de-chaussée, sous les planchers flottants et les tapis, se révéla le plancher d’origine en érable et ses nombreux trous rectangulaires, signe d’un ancien système de chauffage à air chaud. Les lustres d’origine dans le salon et l’entrée furent entreposés pour être restaurés plus tard. Les 40 verges cubes du conteneur à déchets furent nécessaires pour disposer des matériaux ne pouvant être réutilisés. Le système électrique était désuet ; le feu aurait pris dans quelques années sans ces travaux, car les fils en coton s’égrenaient dans nos mains et la mise à la terre était presque absente. Tout fut refait à neuf sauf les armoires de cuisine en érable massif. Plomberie, électricité, isolation, ventilation, gypse, réparations et sablage de plancher ont nécessité beaucoup de temps et de patience. Les moulures, les portes et la quincaillerie nouvellement installées sont fidèles à l’époque de la construction et le superbe plafond ouvragé en plâtre du salon n’est plus fissuré. Ma plus belle réalisation est d’avoir enlevé la grille en fer des années 60 entre l’entrée et le salon pour la remplacer par deux colonnes en chêne massif, récupérées dans le Vieux-Québec. Merci à ma mère pour son aide, mais surtout pour sa patience de les avoir décapées avec des instruments de dentiste !
À l’extérieur, les fenêtres de bois trop usées ont été remplacées. J’ai opté pour le P. V. C. tout en gardant le modèle à guillotine, avec le milieu décentré vers le haut, fidèle à l’original. Rares sont les fabricants qui acceptent de décentrer le milieu, car de toutes les composantes doivent être calculées à la main. Le bas des colonnes en briques supportant les galeries ont été rejoints, car le mortier était dégradé, voire même absent par endroits. C’était la première fois que j’entreprenais des travaux de maçonnerie ; je me suis bien débrouillé, mais je n’en ferais pas mon métier ! Les planchers des deux galeries furent entièrement refaits eux aussi, car la pourriture avait endommagé la structure d’origine. J’en ai profité pour ajouter un escalier sur le côté de la galerie avant. J’ai dû, à regret, remplacer le revêtement de la toiture qui était en tôle, car les experts en toiture consultés ne trouvaient pas l’origine des petites infiltrations d’eau, même si j’avais appliqué un enduit d’étanchéité. Elle est maintenant en bardeaux d’asphalte, car une toiture de tôle était trop dispendieuse pour mon budget. À l’arrière, en faisant le terrassement, j’ai trouvé un vieux fer à cheval ; j’avais au moins la chance de mon côté !
À l’étage, le linoléum a protégé en grande partie le plancher d’épinette et l’autre partie était peinturée. Il a fallu un très bon sablage et deux couches d’huile teintée pour parvenir à un beau résultat. Sortir le bran de scie et défaire les vieux murs en carton ont permis de découvrir des journaux de l’époque, avec des articles intéressants sur la Deuxième Guerre mondiale. J’ai consolidé la structure du toit et des trois lucarnes, isolé les murs et le plafond, et refait l’électricité. Réutiliser le plus de matériaux possible est primordial. C’est pour cette raison que le lambris récupéré a été intégré dans les nouvelles garde-robes. Les vitraux trop sombres, qui étaient dans les fenêtres de l’étage, ont été installés dans le walk-in de la chambre principale. Dans un souci d’uniformité, les mêmes portes et moulures qu’au rez-de-chaussée furent installées à l’étage. C’est comme si nous avions ajouté un étage entier comprenant deux chambres, une salle de bain ainsi qu’un boudoir avec l’escalier. La superficie habitable de la maison s’en trouve presque doublée.
Nous avons vendu la maison en 2020 et sommes déménagés à Drummondville pour nous rapprocher du travail. Toutefois, quand je m’adonne à repasser devant cette maison, un élan de fierté m’envahit. Un beau travail, un travail exténuant, mais bien fait, qui permettra à des générations futures non seulement d’admirer une belle demeure, mais aussi de comprendre l’évolution des styles architecturaux du Québec. Les maisons des années 1930, 1940, 1950 et 1960 sont parfois oubliées ou délaissées, mais elles comptent aussi dans notre histoire. Je tiens spécialement à remercier ma conjointe Myriam pour ses encouragements, son aide, ses sacrifices, sa patience et ses conseils. Sans elle ces travaux n’auraient pas été possibles.
Les principaux marchands qui m’ont aidé :
Article tiré de La Lucarne – Été 2023 (Vol XLIV, numéro 3).
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