UN DOCUMENT RESSURGIT ET TOUT PEUT CHANGER
En ce qui touche la restauration des maisons anciennes, une question fondamentale se pose : doit-on restaurer à l’identique ou rénover pour mieux préserver ? Cette question préoccupe bon nombre de propriétaires qui se retrouvent démunis lors de la planification des travaux de restauration. Les questions techniques jalonnent cette planification, comme les matériaux et l’esthétique de la maison. La presse et les guides de références font mention de la restauration surtout à travers des conseils pratiques et des rubriques portant sur les techniques et les outils spécialisés. Hormis l’utilisation des manuels, les propriétaires-restaurateurs utilisent-ils d’autres supports pour les guider ? Cet article se propose d’étudier l’exploration des archives dans la restauration et la rénovation des maisons anciennes.
La maison située au 26 rue de Richelieu à Chambly, propriété de Stéphane Poissant, agent immobilier, et construite en 1780, fait l’objet d’un nouvel éclairage. La maison est un des premiers moulins de la rue de Richelieu. Toute intervention concernant l’extérieur de la maison doit être approuvée par la Ville. Des consultations d’ordre technique s’imposent. La maison n’est pas classée ; elle figure pourtant dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Après la consultation des archives, les résultats des recherches pourraient figurer sur une future pancarte à l’intention du public.
Les maisons anciennes ont une histoire riche. Les photographies anciennes, surtout en noir et blanc, sont très appréciées, car elles apportent un cachet d’ancienneté et d’authenticité aux maisons anciennes. Le fait d’utiliser les photographies ou les plans d’architecte comme dans le cas de la résidence Bédard à Richelieu où « les plans de la maison de type bleu d’architecte (blueprint) ont été encadrés et accrochés au mur » (Simard, 22 octobre 2022, La Presse) illustre bien ce qui précède selon la co-propriétaire Annie Bédard. Ces documents apportent une touche de nostalgie et de personnalité à la décoration intérieure. On peut disposer ces documents dans des endroits stratégiques dans le hall d’entrée, dans la cage d’escalier ou à côté d’une bibliothèque ; le plus important c’est de vous amuser !
La maison est ainsi parsemée de petits clins d’œil d’époque qui habillent joliment les murs. D’ailleurs, plusieurs décorateurs d’intérieur en préconisent l’utilisation. Au lieu de les laisser dans une boîte ou un album, pourquoi ne pas placer les anciennes photographies dans un cadre noir ou dans un cadre plus voyant ? Les photographies ou les documents auront d’autant plus de valeur et apporteront un charme supplémentaire à la maison, surtout si la restauration effectuée n’est pas fidèle à ceux-ci. Récemment, lors de la restauration de l’ancienne auberge William Wakeham, à Gaspé, Isabelle Lamy, la nouvelle propriétaire, écrit dans un article de Radio-Canada : « J’essaie de ramener des petits bouts d’histoire, d’en mettre un peu partout avec des photos de [William Wakeham], de ses explorations. » (Rousseau, 2023, ici.radio-canada.ca)
Si les archives et les documents de la maison se font rares, il existe d’autres moyens pour obtenir de l’information. Le monde des archives, pour ceux et celles qui ont envie de creuser l’histoire de la bâtisse, peut être parsemé d’embûches et on peut vite s’y perdre. Voici quelques conseils à l’intention du ou de la propriétaire qui aimerait connaître l’histoire de sa maison. La plupart des archives, surtout si elles ont plus de 50 ans, sont très accessibles en ligne.
On doit tout d’abord poser les bonnes questions. La première consiste à identifier les renseignements. On peut procéder à tâtons et déterminer par mots-clés l’information recherchée. Par exemple, on peut se demander si l’on désire des photographies ou des textes. Les deux ne donneront pas la même information, selon le but recherché quant à la rénovation, la restauration et la décoration. Dans le cas où vous recherchez l’authenticité, la combinaison des trois vous donnera un parfait équilibre. Si c’est une inspiration qui vous intéresse, les photographies sont suffisantes (dans la limite où celles-ci sont en couleurs). Si les photographies sont en noir et blanc, elles ne pourront pas indiquer la palette de couleur utilisée, mais sauront vous guider sur l’aspect des lieux.
Une société historique est une organisation dédiée à la préservation, la collecte, la recherche et l’interprétation d’information ou d’éléments historiques. À l’origine, ces sociétés ont été créées pour aider les générations futures à comprendre leur patrimoine. Ces sociétés sont animées par des bénévoles passionnés et dévoués. Les sites internet suivants donnent la liste de la plupart des sociétés présentes sur le territoire québécois :
http://www.societeshistoirequebec.qc.ca/fr/societes.html
https://histoire-du-quebec.ca/societes-histoire-geneologie-quebec/
https://grandquebec.com/archives-societes-histoire/
https://www.histoirequebec.qc.ca/membres.asp
https://www.societehistoriquedemontreal.org/
Cette liste n’est pas exhaustive, car à Montréal il existe une société pour presque chaque arrondissement. Il suffit de leur envoyer un courriel et de demander de l’information à propos d’une maison. Il convient d’être le plus précis possible. Ces sociétés sont animées par des bénévoles et, de ce fait, le temps de réponse peut s’en trouver prolongé. Il convient donc d’envoyer un courriel le plus tôt possible, en amont du début des travaux.
BAnQ numérique : Bibliothèque et Archives nationales du Québec a numérisé la plupart de ses archives (journaux, documents et photographies d’époque, livres, musiques, films, cartes postales). Son site internet comprend un portail numérique de consultation d’archives gratuite. Le meilleur moyen de trouver de l’information est de parcourir l’onglet « Patrimoine québécois » ; ce dernier offre une incursion dans « les collections et fonds d’archives qui constituent la mémoire du Québec et témoignent de son dynamisme culturel et social » (numerique.banq.qc.ca). La recherche s’effectue par mots-clés, puis on peut sélectionner le type d’archives dans la page déroulante. Les archives consultées peuvent ainsi être téléchargées. Si on désire un document en haute résolution pour des fins d’impression, une demande de reproduction peut être effectuée dans la barre latérale. On peut compter à partir de 45 $ par document, suivant le type de support souhaité.
Advitam donne accès aux descriptions de l’ensemble des fonds et des collections d’archives conservés par la BAnQ. Cette interface de recherche est une source d’information essentielle à la compréhension de l’histoire du Québec et un outil précieux pour les amateurs de généalogie.
Il se peut que les recherches auprès des sociétés d’histoire et de la BAnQ ne donnent pas de résultat. Mais par chance, au Québec, on peut avoir accès au registre foncier en ligne afin de connaître les anciens propriétaires. Le registre foncier est un service public chargé de donner l’état des droits en relation avec les immeubles. Il retrace ainsi l’historique des transactions et des droits réels concernant une propriété immobilière. Il faudra connaître le numéro du lot afin d’accéder à l’information qu’on retrouve sur le site internet « Infolot ». Sur le site internet du Registre foncier du Québec, moyennement cinq dollars comme frais de départ, on peut avoir un aperçu de l’histoire de la maison au moyen de divers actes et documents.
https://www.registrefoncier.gouv.qc.ca/Sirf/
En conclusion, l’exploration des archives peut être bénéfique à la restauration à la condition que cela ne ralentisse pas la réalisation de vos projets. Les archives peuvent être des instruments complémentaires, vous aidant dans vos démarches. Qui sait ? La restauration ou la rénovation pourrait s’en trouver renforcée et contribuer à enrichir l’histoire de votre résidence ou même à écrire une tout autre histoire.
Article tiré de La Lucarne – Été 2023 (Vol XLIV, numéro 3).
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