Pas au courant de la fuite d’eau

5 avril 2023

Pierre Bleau

La céramique d’une autre époque recouvre les murs et le plancher de la salle d’eau. Le chauffage de la pièce est assuré par une nouvelle plinthe électrique fixée sous la fenêtre.Vendredi 18 décembre 2009. Une fraîcheur mordante nous accueille en entrant dans la salle d’eau du rez-de-chaussée. Le chauffage de la pièce est assuré par une petite plinthe électrique placée sous la fenêtre, près de la toilette. Je manipule le thermostat sans résultat probant. Une visite à la cave permet de constater qu’un disjoncteur s’est déclenché sur le panneau électrique. J’espère régler le problème d’esthétique et de chauffage en allant acheter une nouvelle plinthe à la quincaillerie. L’ancienne plinthe est de couleur brune et l’acier est tout rouillé. La substitution d’appareil est simple ; il suffit de suivre le schéma de raccordement des fils. Le courant est rétabli en armant le disjoncteur du panneau (marque Square D). Il se déclenche aussitôt. Il a détecté une surcharge ou une anomalie sur le circuit.

Le lendemain, notre électricien vient inspecter les branchements de la plinthe électrique et du thermostat. Tout est conforme. Le problème se trouve ailleurs. Nous descendons à la cave pour quelques vérifications. Il confirme que la source du court-circuit se trouve entre le panneau principal et la salle d’eau. Le câble d’alimentation sort du boîtier pour disparaître dans un trou percé dans la lisse supérieure du mur. L’électricien demande comment accéder à l’arrière de ce mur en pierre. C’est le vide sanitaire sous l’ancienne galerie d’été. On y pénètre difficilement par un petit châssis logé dans l’épaisseur de la fondation ; la vitre de la fenêtre a depuis été remplacée par un contreplaqué fixé au cadrage.

L’étendue des dégâts sous la couche de céramique de la salle d’eau. L’infiltration d’eau a aussi affecté le bas des murs.Je dégage la neige accumulée devant la trappe et je retire cette dernière. Sans plus attendre, l’électricien sort sa lampe de poche et jette un regard inquisiteur dans la pénombre du réduit. Tout surpris, il aperçoit de l’eau suinter du plafond. Pardon ! De l’eau qui coule à l’intérieur de la maison en plein hiver ! Il se faufile à l’intérieur et, à l’aide d’un marteau, s’attaque au parement du plafond. C’est un mince panneau de particules qui soutient de la laine minérale. L’isolant est saturé d’eau. Mais d’où vient toute cette eau ?

Revenons à la source de la panne électrique. Le coupable est vite découvert par notre maître-électricien. C’est un clou de finition qui a percé la gaine protectrice. Le fil était fixé directement à la face inférieure des solives. Par chance, l’eau a provoqué un court-circuit et empêché un départ d’incendie puisque le bois de la solive est noirci à l’emplacement du clou. L’électricien installe une boîte octogonale, coupe le fil endommagé et rétablit l’alimentation de la plinthe électrique. La chaleur reprend ses droits dans la pièce.

Et pour la fuite, elle persiste même en fermant le robinet d’arrivée d’eau de la toilette. La fuite est donc ailleurs. Sous le meuble-lavabo, on constate que la tuyauterie plonge sous la surface du plancher. Elle est coulée dans la chape de mortier du plancher en céramique. Selon notre compréhension des phénomènes physico-chimiques, le cuivre s’est progressivement oxydé dans cette pâte réactive de ciment. Nous découvrons l’étendue des dégâts du sous-plancher sous la céramique, le mortier et le plastique. Sachez que ceci a donné lieu à un autre projet de rénovation.

N’hésitez pas à relire les articles précédents du récit de restauration de cet auteur.


Article tiré de La Lucarne – Printemps 2023 (Vol XLIV, numéro 2).

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