Bénévoles en patrimoine – Mode d’emploi

26 mai 2022

Christian Harvey, Société d’histoire de Charlevoix

Les bénévoles peuvent jouer un rôle non négligeable à plusieurs niveaux dans le cadre d’un projet de conservation patrimoniale. Mais, il est loin d’être simple de pouvoir en tirer parti. À la lumière de notre expérience, la solution pour y arriver se trouve dans une action précise : céder la propriété du bâtiment patrimonial à un organisme sans but lucratif (OBNL).

Prenons l’exemple de la maison Lapointe de Clermont. D’abord, il a fallu qu’un bénévole, Serge Gauthier, ethnologue et président de la Société d’histoire de Charlevoix, mette en branle les démarches en vue de sa sauvegarde. En mars 2020, un puissant incendie endommage le bâtiment voisin. Qu’arrivera-t-il de la résidence d’Alexis Tremblay dit Picoté et d’Alexis Lapointe dit Le Trotteur ? La compagnie d’assurance déclare le bâtiment « perte totale » auprès des propriétaires ; la Ville de Clermont ainsi que le Ministère de la Culture s’en lavent les mains. Que faire devant la menace des pelles mécaniques ?

À la suite d’une médiatisation réussie (Le Devoir, émission 24/60, Radio-Canada) et de négociations avec la Société québécoise des infrastructures en vue de faire lever une option d’achat, les membres de la famille Lapointe ont accepté de vendre l’édifice à la Société d’histoire de Charlevoix. Le bâtiment est enfin sauvé !

Une équipe de choc

La structure légale des OSBL, contrairement aux individus, aux entreprises et, surtout, aux municipalités, rend plus facilement possible le bénévolat. En définitive, il n’y a que les travaux d’électricité et de plomberie qui, selon le Code du bâtiment du Québec, doivent nécessairement être réalisés par des spécialistes qui peuvent toutefois, eux aussi, être bénévoles. Et en plus, il y a une certaine tolérance en raison de la fonction de conservation comme dans les cas bien connus des églises et des conseils de fabrique. Cela permet de diminuer de beaucoup le coût des travaux, particulièrement si le travail technique simple peut être effectué sans l’aide d’un professionnel (nettoyage, peinture, etc.).

Une petite équipe-choc de bénévoles a été mise en action. À sa tête, Mathias Dufour, un ancien maire de Clermont et préfet de la MRC de Charlevoix-Est. Travailleur à l’usine de Clermont pendant plusieurs années, il a mené une levée de fonds qui a permis de recueillir plus de 50 000 $ à ce jour. Autour de lui, Pierre Jean, Denis Desbiens et, à quelques reprises, Jean-Luc Harvey, ont réalisé des travaux à titre de bénévoles pour retirer du bâtiment les traces laissées par la chaleur, l’eau et la fumée consécutives à l’incendie du bâtiment voisin. De plus, l’été dernier, l’équipe a travaillé à retirer le revêtement en pvc du bâtiment, ce qui a permis de retrouver un magnifique recouvrement de planches vertes : des travaux en nature d’une valeur de plusieurs milliers de dollars. Ajoutons à cette équipe, Florian Martel qui a restauré bénévolement plusieurs meubles de la maison, des pièces aujourd’hui métamorphosées.

Clermont est une ville industrielle et plusieurs des anciens employés de son usine ont des connaissances et du savoir-faire dans le domaine des travaux manuels ; c’est là un élément central dans le cadre du recrutement de bénévoles pour la Maison Lapointe.

Finalement, un autre type de bénévolat doit être assuré dans tout projet patrimonial : la tâche de remplir les formulaires, de rédiger les plans d’affaires, les demandes de subventions ou les articles pour les publications. C’est à moi, Christian Harvey, qu’incombe cette fonction.


Article tiré de La Lucarne – Été 2022 (Vol XLIIII, numéro 3).

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