Charlebois, C. & Linteau, P-A
Éditions Cardinal. (2014) 311 pages
Le Centre d’histoire de Montréal vient de remporter, en avril 2015, le prix d’excellence de l’Association des musées canadiens (AMP), catégorie recherche, pour le livre Quartiers disparus (2014). Cet ouvrage retrace l’histoire du Red Light, du Faubourg à m’lasse et de Goose Village (ou Victoria Town, situé à l’ouest vers le pont Victoria). Tous ces quartiers furent en partie ou totalement emportés dans la fièvre de modernisation qui frappa Montréal et le Québec de la fin des années 50 à la fin des années 60, époque dite de « la révolution tranquille ». Selon Gérard Beaudet (2014, p. 23), ces quartiers étaient alors perçus comme vétustes, délabrés et insalubres par des penseurs et des intervenants municipaux qui ont fait de la lutte aux taudis une véritable croisade. S’y ajoutaient deux préoccupations plus larges qui visaient l’essor d’un centre-ville moderne, par exemple la construction de la Place Ville-Marie pour faire bonne figure dans le monde lors de l’Expo 67.
L’ouvrage est tiré d’une exposition qui a eu lieu au Centre d’histoire de Montréal de 2011 à 2013, à partir de 4 500 photos dont 121 ont été retenues pour cette publication. Ces photos étaient conservées aux archives de la ville de Montréal. Elles avaient été réalisées à l’époque par les photographes Lactance Giroux, Jean-Paul Gill, Ludger L’Écuyer et Real Benny dont le mandat était de photographier tous les bâtiments à démolir. Puis, des spécialistes de l’histoire orale mirent des mots sur ces photos en invitant les habitants de ces quartiers (75 entrevues) à évoquer leur vie passée, leurs souvenirs et leurs préoccupations de « délocalisés ».
Normand Baillargeon, dans la revue Les Libraires, propose ce livre car il y a un grand nombre de belles photographies accompagnées de témoignages de personnes ayant habité ces quartiers. Ces textes feront sans doute naître une certaine nostalgie chez plusieurs et découvrir un monde disparu aux autres, un monde à la fois proche et lointain, étrange et familier. Voilà un beau livre à laisser traîner sur la table du salon…