Thérèse Romer
Automne au Manoir Maplewood de Waterloo. Dorées, légères, les feuilles virevoltent au soleil. À l’intérieur, sous les dorures du plafond, une mer de visages souriants m’entoure. Je suis l’invitée au dixième anniversaire de la remise du Prix Thérèse Romer. Ça me fait tout chaud — et tout drôle au coeur.
Tant de gens, ici, mériteraient l’honneur bien plus que moi ! Car au fond, je n’ai fait que germer la graine. J’ai choyé le semis pendant les premières années — mais d’autres ont formidablement pris le relais. Maintenant, à 35 ans, l’APMAQ est un solide érable à sucre, racines profondes, panache impressionnant. Raison de se réjouir ensemble.
Si j’avais la moitié de mon âge (comme lorsque je me suis installée à Saint-Eustache en 1972) je courrais au galop rencontrer les dix couples lauréats du prix de mon nom — pour recueillir les récits vivants de la grande aventure qui les a amenés à aimer une maison ancienne, la restaurer à grand effort et à grands frais… Les images et les textes de leurs dossiers de candidature feraient, avec ce vécu, un beau livre, intéressant, vrai, profond.
Un livre qui illustrerait une des idées fondatrices de l’APMAQ : rien de tel pour préserver notre patrimoine national que la passion, la patience, la persévérance de propriétaires privés, aptes à veiller au grain. Ah! Si tous les pouvoirs, toutes les institutions nationales et municipales leur ressemblaient !
Hélas! Au seuil de mes 90 ans, je ne sais plus courir. Et je sais qu’on plante bien des jardins dans sa vie. On se réjouit des réussites — dont l’APMAQ ! — mais on a aussi à encaisser des échecs.
Le plus douloureux m’est le délabrement dans lequel a glissé la Maison et Jardins Chénier-Sauvé à Saint-Eustache. Après y avoir vécu pendant presque 30 ans avec mon mari, Pierre de Bellefeuille, j’avais tenté d’en assurer la pérennité. En vain.
Merci aux membres et au Comité de Sauvegarde de l’APMAQ qui tentent de « sauver les meubles ». Saurons-nous en 2016 quel avenir attend cette maison empreinte d’histoire qui a aussi servi de berceau à l’APMAQ ?