« Les pays d’en haut » à L’Acadie

7 mars 2016

Christian Poupart, président des amis du presbytère de L’Acadie

Presbytère de L’Acadie. Photo: Les amis du presbytère de L’AcadieLe téléphone sonne… comme il sonne de temps à autres pour des renseignements concernant le presbytère de L’Acadie, ses visites guidées, etc.

Un appel parmi tant d’autres? Non, pas vraiment! Une équipe de tournage dont je ne sais encore rien, demande à visiter le bâtiment de 1822 aux allures de « manoir seigneurial », comme c’est arrivé par le passé pour certaines productions tournées ici comme par exemple Aurore (2005). On me parle d’une grosse production, le retour du célèbre « Séraphin Poudrier » (!) « Quoi?!? Refaire la série  Les belles histoires des pays d’en haut  malgré tout ce qui a déjà été fait sur le sujet?!? » Oui! Une toute nouvelle version cette fois, adaptée du téléroman « Les Belles Histoires des Pays d’en haut » de Claude-Henri Grignon, mais non-censurée et beaucoup plus près de la réalité sociale et politique de l’époque.

Bon, mi-avril, on prend rendez-vous, nous effectuons la visite… L’endroit convient et deviendra la demeure du célèbre curé Labelle (Antoine Bertrand). De son côté, la sacristie de notre voisine l’église, sera transformée en Cour de justice. Bref, tout un branle-bas de combat à venir! Ceux qui ont peut-être vécu ce qu’est avoir une production cinématographique dans leur maison savent de quoi je parle!

hoto de la scène de cuisine dans le presbytère de L’Acadie. Photo: Les amis du presbytère de L’AcadieUn peu d’histoire… Sachons que le presbytère de L’Acadie en Montérégie (Saint-Jean-sur-Richelieu) a été pris en main par un OBNL en 2008 et est en restauration par étapes selon ses moyens financiers et selon la disponibilité de ses bénévoles… Naturellement nous sommes toujours à la recherche de projets intéressants qui puissent cadrer dans notre mission de mise en valeur, nous donner une visibilité et du même coup nous apporter quelques sous, si possible. Le printemps 2015 était celui où, profitant de l’arrivée de l’été, on prévoyait finaliser la phase « rez-de-chaussée », soit un total de neuf pièces… calmement…

Mais « Séraphin » doit tourner au printemps et nous y sommes! La condition pour avoir le contrat : « Terminer votre restauration avant que l’équipe de production ne s’installe et tourne… dans deux semaines!!! » Wow! Tout un défi!

Ce qui fut dit, fut fait! On s’informe des pièces utilisées, plans et angles de tournage. Nous réalisons notre restauration pour satisfaire l’équipe de production. On tourne un peu les coins ronds tout en respectant l’authenticité, élément essentiel de notre restauration. Par exemple, qui verra que le dessous de la rampe n’est pas décapé? Une seule couche de vernis sur les marches au lieu de trois… On le fera plus tard… etc.

Le matin du lundi 11 mai, trois camions-cubes remplis de meubles et des centaines, si ce n’est, des milliers d’accessoires antiques de toutes sortes entrent dans le presbytère! La semaine durant, on cloue, on scie, on cache, on transforme pour la série! Tout est pensé et calculé au millimètre près! Wow! Quelle équipe! Tout le monde est calme, gentil et poli malgré la fourmilière qui s’active à toute allure et tous les imprévus qui viennent avec! Certaines pièces du bâtiment servent d’entrepôt, d’autres pour fabrication de décors sans oublier la régie qui s’installe. À chacun son boulot! Pendant ce temps, nous continuons notre restauration effrénée, non sans peine…

Tout cela alors qu’un autre projet se réalise, celui de la réfection de la toiture et des cheminées, en attente depuis quelques années mais dont le dénouement arrive la même semaine que le tournage! Faut le faire! Une pierre dégringole du toit, aucun blessé mais il y a danger. Bonne entente oblige, « Désolé les gars, vous r’viendrez! ».

Après une semaine de course contre la montre et une cohue organisée (!) finalement : « Tout le monde dehors! Silence, on tourne! » Nous sommes le 19 mai, horaire oblige. Malgré cette semaine de préparatifs de toutes sortes, le temps toujours trop serré, on débute le tournage côté presbytère tandis que les décors se terminent dans la sacristie… Tout devra être prêt! Il ne faut pas déborder d’une journée… « Ça doit être Séraphin qui paye! » Je me suis dit… N’oublions pas que l’horaire se doit d’être réglé au quart de tour. Pendant qu’on tourne à L’Acadie, une autre équipe est à Rawdon pour d’autres scènes… Les comédiens costumés, entrent et sortent. Chacun sait ce qu’il a à faire, certains font la navette entre les deux villes. De notre côté, nul droit d’assister, encore moins de photographier! Droits d’auteur obligent….

On tourne toujours… Un jour, de chez moi, à proximité de l’église, j’entends soudainement le système d’alarme retentir. Il y a urgence!!! Vite! J’accours et pénètre à l’intérieur, l’alarme crie à pleins poumons, on a du mal à s’entendre. Les pompiers arrivent de toutes parts. Que se passe-t-il?!? Ouf! Rien, semble-t-il, sinon un éclairage dont la surchauffe a fait déclencher le système… Par chance ce n’était que cela! On corrige le problème… Allez, on recommence la scène. Première journée et on a déjà du retard! Le tournage se continue finalement sans réelle anicroche, tout le monde est content!

Rendus à la troisième semaine « d’occupation », il est temps de se ramasser. Il aura donc fallu une semaine de préparatifs intenses pour quatre jours de tournage et une autre semaine de ramassage sans compter les rencontres préliminaires… Une belle expérience qu’on ne voudrait pas vivre à tous les mois mais qu’il nous ferait plaisir de recommencer puisqu’une 2e saison de la série est prévue.


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