Boucherville au fil du temps 1667-2017

15 décembre 2017

Collectif de la Société d’histoire des Iles percées (2017), 351 p. 

Il semble que les premiers Amérindiens en provenance de Mongolie s’installent en Amérique du nord environ 11 000 ans avant notre ère. Certains peoples foulent la partie sud du sol québécois vers 8 000 ans. Les Algonquins nomades y pratiquent la chasse, la pêche et la cueillette. Les Hurons ont le contrôle de la traite des fourrures. Les Iroquois se sédentarisent et pratiquent l’horticulture au sein de villages quasi permanents localisés sur l’île de Montréal.

C’est probablement au cours de cette époque que les Iroquois commencent à utiliser le terme Canada (i.e. amas de cabanes) pour identifier leur territoire.

Au début du régime français, la cohabitation entre Amérindiens (Algonquins, Hurons et Montagnais) et Français est assez facile. Germe alors l’idée de créer un peuple nouveau par l’alliance de peuples collaborant entre eux contre les Iroquois. Pierre Boucher représente une figure emblématique de ce rêve. Ayant vécu une partie de son adolescence en Huronie, il y apprit plusieurs langues autochtones, afin de mieux comprendre la culture amérindienne. Cela lui permit de devenir interprète officiel et agent de liaison auprès du gouverneur de l’époque. En 1649 Il épouse une jeune Huronne Marie Ouébadinoukoué « 8ebandinsk8e » dite la Chrétienne, élevée chez les Ursulines. Celle-ci lui donne un fils et, peu de temps après, mère et fils décèdent. En 1662, Pierre Boucher se remarie avec Jeanne Crevier qui lui donnera 15 enfants.

Devenu gouverneur de Trois-Rivières, Pierre Boucher endosse à la fois les rôles de chef de guerre face aux attaques iroquoises de 1653, 1660-1661, 1689, 1690 et 1695. En outre, il est nommé juge royal en 1663, puis émissaire de la Nouvelle-France en France. Toutes ces tâches ne l’empêchent pas de se développer comme écrivain. À cet effet, anobli par Louis XIV en 1664, son ministre Colbert lui commande un mémoire qui aura pour titre Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions du pays de la Nouvelle-France, vulgairement appelée Canada que l’historien Lionel Groulx jugera exceptionnel et inégalé comme classique de la littérature coloniale.

Retiré sur ses terres concédées en 1667, Pierre Boucher, sieur de GrosBois, gère d’une façon exemplaire sa seigneurie. Il établit un système souple et équitable de développement basé sur l’entraide, la sécurité et la paix. Il cultive lui-même ses terres (i.e. avec sa famille) et exige des droits seigneuriaux minimes. Son type de gestion suscite l’admiration et devient un modèle en Nouvelle-France. Le gouverneur Denonville écrit en 1686 : « c’est la famille qui a le mieux travaillé au bien de la colonie, n’ayant rien négligé pour la développer ».

Le 2e manoir de Boucherville, celui-là fait de pierres, a été édifié en 1741 par son petit-fils François-Pierre Boucher, 3e seigneur. Il est situé au 514 – 518 boulevard Marie-Victorin. Le site divisé en deux au XIXe siècle, a appartenu pour moitié à une descendante du sieur de Laviolette, fondateur de Trois-Rivières, et pour moitié aux descendants de Pierre Boucher. La dernière restauration date des années 1980.

M.-L.B, membre du comité de la Lucarne 


Article tiré de La Lucarne, automne 2017 (vol. XXXVIII:4).

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