Les quartiers de Montréal : Le quartier Ahuntsic

18 avril 2018

Société d’histoire Ahuntsic-Cartierville

Maison du boulevard Gouin est, Ahuntsic. Source : Société d’histoire Ahuntsic-Cartierville.

Maison George Lebel. Source : patrimoine.ville.montreal.qc.ca Crédit photo : Denis TremblayLe quartier Ahuntsic est situé dans le nord de l’île de Montréal, en bordure de la Rivière-des-Prairies. Ce vaste territoire correspond aujourd’hui à la partie est de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, un secteur qui a une longue histoire et un riche patrimoine bâti. Plusieurs sources témoignent de la présence européenne dans ce secteur dès les débuts de la colonie. En 1615 le père Joseph LeCaron y aurait prononcé la première messe en Nouvelle-France, en présence de Samuel de Champlain. Quelques années plus tard, en 1625, le missionnaire récollet Nicolas Viel et son jeune compagnon Ahuntsic, se noient dans les rapides situés non loin de l’ile de la Visitation. Ce secteur prendra alors le nom du Sault-au-Récollet.

Le développement de ce territoire s’amorce très tôt dans l’histoire de la colonie. En 1696, le sulpicien Vachon de Belmont fait construire le fort Lorette et fonde une mission amérindienne qui sera transférée à Oka en 1721. Les Sulpiciens poursuivent néanmoins leurs interventions dans ce secteur et aménagent une digue entre la rive montréalaise et l’île de la Visitation en 1726. La force hydraulique y est importante et trois moulins sont construits à cet endroit qui deviendra le cœur du village du Saut-au-Récollet.

Les premiers villages

La colonisation des terres avoisinantes permet la création de la paroisse du Sault-au-Récollet en 1736. Peu à peu d’autres petits noyaux villageois, dont Back River, l’Abord-à-Plouffe, le Grand-Sault, apparaissent en bordure de la rivière qui est alors la principale voie de communication au nord de l’île. Ils seront également reliés par le chemin du Bord-de-l’Eau, qui deviendra le boulevard Gouin en 1910.

La fusion avec Montréal

L’arrivée du premier tramway électrique, en 1895, provoque une accélération du développement urbain et une plus grande intégration au territoire montréalais. En 1897, le secteur de Back River, devient le village d’Ahuntsic et sera annexé à Montréal en 1910. Quelques années plus tard, en 1916, c’est au tour de la municipalité du Sault-au-Récollet d’intégrer la métropole. Le développement urbain se poursuit dans les premières décennies du 20e siècle, mais connaît une accélération marquée après la Deuxième Guerre mondiale. La présence grandissante de l’automobile incite les autorités municipales à aménager un grand boulevard urbain, le boulevard Henri-Bourassa, en 1959. Cette artère est aujourd’hui la principale voie de circulation est-ouest dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Une très ancienne église

Église de la visitation. © Héritage Montréal. © Fondation du patrimoine religieux du Québec.L’ancienneté de ce territoire lui confère une importance majeure en termes de patrimoine bâti. L’ancien noyau villageois du Sault-au-Récollet est particulièrement intéressant pour les amateurs d’histoire et de patrimoine. L’église de la Visitation, dont la construction a débuté en 1749, est la plus ancienne sur l’île de Montréal. Sa façade actuelle a été reconstruite en 1850, selon les plans de l’architecte montréalais John Ostell. Un peu à l’est du pont Papineau-Leblanc, on retrouve les vestiges des anciens moulins, la maison du meunier et la maison du pressoir.

Institutions et résidences

L’architecture institutionnelle est également bien représentée. Mentionnons l’ancien noviciat Saint-Joseph, devenu le collège Mont-Saint-Louis, ou encore l’ancien externat Sainte-Sophie, devenu l’école Sophie-Barat. La prison de Bordeaux, construite à partir de 1907 par l’architecte J.-O. Marchand est aussi un élément marquant du quartier.

Quant à l’architecture résidentielle, elle est particulièrement riche et diversifiée, notamment aux abords du boulevard Gouin. On y retrouve, entre autres, une grande variété de maisons isolées, dont des maisons villageoises en pierres des champs construites au début du 19e siècle ou encore plusieurs villas de type victorien ayant appartenu à des familles bourgeoises montréalaises. D’autres secteurs du quartier se sont développés à différentes périodes au cours du 20e siècle et témoignent de différents types d’habitation, dont des plex, des bungalows et des immeubles à loyers multiples.

La qualité du cadre bâti dans le quartier Ahuntsic est exceptionnelle et peut combler tous les amateurs de patrimoine.


Article tiré de La Lucarne – Printemps 2018 (Vol XXXIX, numéro 2).

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