Entrevue avec Geneviève Gamache, vitrailliste

20 juillet 2018

©Geneviève GamacheComment êtes-vous devenue vitrailliste?

Je me destinais à l’administration et j’étais bien engagée dans cette voie tout en pratiquant l’art du verre en amatrice quand à 27 ans, j’ai reçu une sorte d’illumination. J’ai compris que quelque chose d’important me manquait et que ce qui n’était pour moi jusqu’alors un divertissement devait devenir l’élément de ma vie.

Où et comment acquiert-on, au Québec, la formation de vitrailliste?

Il n’existe pas chez nous de curriculum formel menant à une diplomation reconnue en cette matière. J’ai donc d’abord fréquenté l’Espace Verre, la seule école québécoise qui enseigne les métiers du verre. L’enseignement qu’on y dispense mène au soufflage du verre mais pas au vitrail. Le savoir-faire relatif au vitrail se transmet de bouche à oreille. Il faut donc prendre contact avec des artisans vitraillistes dont la compétence est notoire et les convaincre de nous accepter comme élèves. Les Rendez-vous Maestria m’ont permis de faire des rencontres très importantes à cet égard. Les stages de formation offerts par le Conseil des métiers d’art du Québec en ce qui touche particulièrement la gestion de projet et le patrimoine bâti m’ont été d’une grande utilité. Cependant, j’aime à dire qu’après 11 ans de pratique professionnelle, ma formation se poursuit toujours et n’aura sans doute pas de fin tant que je serai dans le métier.

Pouvez-vous nous décrire en quelques points et de façon élémentaire les étapes de la fabrication d’un vitrail?

  • Élaborer un dessin sur mesure ou une évaluation des réparations à effectuer
  • Choix des verres et des matériaux
  • Coupe des verres, peindre les pièces de verre qui nécessitent de la grisaille
  • Ajustement des pièces de verres, mise en plomb
  • Soudure, masticage, finition et installation

Pour beaucoup de gens, le vitrail est associé aux immeubles à vocation religieuse. Qu’en est-il?

©NathB photographeÀ ce jour, mon activité s’est déployée majoritairement dans des résidences privées plutôt que dans des immeubles à caractère religieux. Mon travail consiste autant à créer des vitraux à motif contemporain ou classique destinés à des maisons de construction récente qu’à la restauration de vitraux anciens ou à leur reconstitution. Plusieurs adeptes souhaitent intégrer un vitrail ancien dans un décor moderne ou, à l’inverse, installer un vitrail moderne dans un décor traditionnel. Il arrive aussi que lors de la vente de la maison, on emporte avec soi son vitrail comme on ferait d’un tableau. Le vitrail constitue parfois une signature de la maison et figurera parmi les attraits importants de celle-ci aux yeux d’acheteurs potentiels.

Quand on me demande de créer un vitrail pour une maison, j’exprime la volonté de voir les lieux pour en étudier l’architecture, j’examine également le décor dans lequel s’insérera le vitrail et je tiens compte de la lumière naturelle qu’il recevra. Le vitrail fait partie d’un tout

Y a-t-il un projet dont vous aimez particulièrement vous rappeler?

Un jour on m’apporte un vitrail trouvé dans une poubelle. La pièce de cinq pieds par 18 pouces était complètement tordue et certaines parties cassées. On a réussi à redresser le tout, à réparer ce qui pouvait l’être et à remplacer le verre cassé. Les propriétaires étaient si contents qu’ils ont agrandi leur maison pour l’installer de façon à ce qu’il soit le mieux possible mis en valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de votre métier?

Idéalement, il faudrait qu’un enseignement sanctionné par un diplôme soit offert. La demande existe, elle évolue en fonction des goûts du public et le métier garde sa place. Il faut demeurer créatif, ouvert, et s’adapter au besoin des clients et des professionnels dans le milieu. Le verre est un matériau noble et saura toujours nous envoûter par sa brillance et sa lumière. Personnellement, je suis toujours à la recherche d’un supplément de formation et je projette présentement de faire un stage en France dans un avenir rapproché.


Article tiré de La Lucarne – Été 2018 (Vol XXXIX, numéro 3).

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