Le choix de la finition intérieure lors d’une restauration doit être mûrement réfléchi. La restauration exige de respecter, autant que faire se peut, les indices observés lors du curetage. Voici donc comment nous avons reconstitué l’intérieur de cette maison tel qu’il était au tournant du 19e siècle.
Comme la maison avait été démontée en entier avant d’être reconstruite, il a été plus facile de nettoyer à la main et avec précaution toutes les pièces de la maison. Les poutres de pin moulurées d’un talon et les larges madriers qui constituaient les plafonds n’avaient jamais été peints : un nettoyage supplémentaire à la laine d’acier a permis de retirer la suie laissée par les feux ouverts et redonner la patine dorée du pin oxydé par le temps tout en permettant d’ entrevoir les subtiles traces laissées par les coups de rabot de la main de l’artisan. Les larges madriers des planchers sont laissés tels qu’ils étaient à l’origine, sans autre finition. Ils seront protégés par des tapis tressés et crochetés, comme il était d’usage autrefois.
Une ligne observée sur le plafond a permis de déduire que la maison était à l’origine divisée en deux pièces principales: la grande salle avec son âtre de cuisson et de chauffage et la grande chambre avec son foyer. La reconstitution de la cheminée principale et de son âtre est à l’étape de projet. La base a été prévue à même la fondation et des pierres récupérées de l’âtre d’une maison du 18e siècle sont remisées.
Le mur qui divise la maison en deux de l’avant à l’arrière, est reconstitué à l’emplacement d’origine avec de larges planches de divisions taillées dans l’arbre, rabotées et embouvetées provenant d’une maison du 18e siècle. Elles sont fixées au plafond et au plancher par de simples moulures anciennes et peintes au pinceau après avoir été décapées. Une deuxième cloison de planches dans la chambre permet l‘installation de deux armoires encastrées constituées chacune de deux vantaux de pin anciens, l’une dans la chambre et l’autre dans la salle commune.
Plusieurs couches d’enduit de chaux étaient encore visibles sur les pièces des murs intérieurs de la maison lors du curetage, témoignant du fait que les premiers habitants avaient probablement vécu plusieurs années ainsi avant d’ajouter des lattes et du crépi. Les murs des pièces sont donc chaulés, ce qui met en évidence les meubles peints, les plafonds et les planchers laissés au naturel (photo).
Un petit espace ouvert derrière la chambre est transformé en salle de bain aménagée à l’ancienne. Les madriers du plancher sont peints et un motif de carrelage, observé sur des madriers anciens récupérés, est reproduit. Une teinture opaque blanche est appliquée sur les murs des pièces pour une meilleure résistance à l’humidité.
Le bas-côté de construction neuve abrite la cuisine et comporte plusieurs éléments récupérés d’une maison du 19e siècle dont un escalier de pin en coin, des poutres et un plafond de madriers peints et une porte à carreaux, se mariant parfaitement à la maison d’origine.
La porte principale ancienne de six panneaux, soulevés à l’extérieur et creux à l’intérieur avec sa quincaillerie ancienne est surmontée d’une imposte. Nous avons fabriqué les fenêtres à battants en pin blanc clair, à 24 carreaux et leurs châssis doubles selon un modèle ancien de la région. Les fenêtres sont garnies de vitre ancienne retaillée et de quincaillerie de main de forge dénichée chez un antiquaire de St-Jean-Port- Joli: targettes à bouton plat fixées avec des clous de forge, crochets, poignée, pentures à demi-gonds.
Les combles d’esprit français, préalablement nettoyés à la main, sont recouverts d’un enduit pour extérieur. Cet enduit translucide est appliqué au fusil. Il les protège et en facilite l’entretien. L’espace ouvert est maintenu comme à l’origine et servira d’atelier d’art.
Le respect de la manière ancienne de construire et de finir l’intérieur d’une maison n’est pas contraignant, bien au contraire. La chaleur que confèrent les matériaux anciens et la simplicité du décor sont en soi suffisants.
Par les fenêtres de cette maison, le paysage rural quelque peu distordu est charmant à observer. Il fait bon y vivre au 21e siècle et, espérons-le, pour plusieurs années encore !
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